12/2018 PressePublication

Corinne Vezzoni, Maître en béton

Le milieu encore très masculin de la construction et du chantier imagine mal qu’une femme soit devenue maître dans l’emploi du béton. Honorée en 2015 du prix des Femmes Architectes lancé par l’ARVHA (1), Corinne Vezzoni s’est fait connaître par plusieurs réalisations mettant en œuvre des bétons d’une grande force plastique, en particulier le Centre de Conservation et de Ressources du MuCem à Marseille.

Béton pluriel : Pourquoi cette affection profonde pour le béton, ce plaisir à l’utiliser ?

Corinne Vezzoni : J’ai grandi au Maroc, à Casablanca où l’architecture moderne a produit des bâtiments magnifiques. Inconsciemment cette présence m’a nourri. Je me souviens de l’école Jules Ferry, des villas aux murs blanc et des architectures de béton brut, de celles puissantes de l’architecte Jean-François Zevaco.

Mon envie de travailler avec ce matériau commence sans doute là-bas. Puis, j’ai été élevé dans le sud et je vis aujourd’hui à Marseille. Ceux qui, comme moi, vivent avec le soleil comprennent ce que cela veut dire. Il ne s’agit pas seulement de l’accueillir. Il faut aussi s’en protéger, tamiser sa lumière, savoir s’en préserver. D’où cette notion d’abri, d’ombre, d’intimité qui, en architecture, se traduit par une forme de pudeur, le refus de tout révéler d’un bloc, sèchement, sans poésie. Ne pas tout énoncer tout de suite laisse la place à un peu de mystère, donne au projet cette part d’âme dont il a tant besoin.

Béton pluriel : Vous préférez ne pas concevoir des parois transparentes, un cheval de bataille de tant de maîtres d’œuvre ?

Corinne Vezzoni : Je travaille à Marseille où il y a une relation particulière à la minéralité, à la violence des éléments : violence de la lumière, violence du vent, de la géographie, de la topographie. Rien ici n’est entre deux, comme souvent en Méditerranée : rocs blanc à nu, paysage aride. La végétation pousse avec des efforts, par manque d’eau, s’accroche à la roche pour résister à la brusquerie des ravinements. Terre de contraste. La botanique explique pourquoi les plantes sentent si fort dans le sud, alors qu’elles sont presque sans odeur dans le nord. Prenez les tulipes en Hollande. Bien arrosées, épanouies, leurs couleurs éclatent. En revanche, elles exhalent peu de parfums. Chez nous, le thym, le romarin, les cistes luttent pour exister et parfois souffrent. Pour économiser l’eau, la préserver car ils en manquent, pour dépenser moins d’énergie, pas de fleurs fastueuses mais des fleurs plus petites, pas de couleurs trop pimpantes, mais plus subtiles presque éteintes parfois : des gris bleuté, argenté, du parme. En développant moins de surface au soleil, elles se protègent de la chaleur et minimisent l’évaporation qui, en revanche, concentre leurs essences. Cette idée de protection, de resserrement, de concentration pour atteindre plus d’efficacité, ce processus de recroquevillement pour atteindre plus de force m’intéresse.

Cela peut paraître loin du béton et pourtant, cela m’a conduit à l’idée d’épaisseur, de densité. De masse aussi qu’il faut bien sûr ordonner, travailler, cadrer. Pour la rendre plus puissante, plus spectaculaire à mon sens, il faut y ajouter de la profondeur de champ, aux antipodes des parois, des plans verticaux minces et des pelliculages qui ne sont finalement que des surfaces et donnent des sensations de fragilité . Un peu comme au cinéma. Malgré tous les efforts pour imiter le réel, ce qui est perçu n’a pas la même valeur, la même réalité, la même vigueur que l’immersion dans le paysage.

A partir de là, le béton me semble le matériau idéal pour porter ce que je veux transmettre. Et pas seulement à l’extérieur. A l’intérieur aussi. La masse, l’opacité préservent le mystère, donnent envie de découvrir ce qu’elles cachent, suscitent l’envie de découvrir, stimulent le mouvement. (9.31) Je rejoins là l’histoire de la ville méditerranéenne, de la villa grecque à la kasbah. Derrière les murs, la vie s’épanouit dans des patios, des cours, se déploie jusqu’aux terrasses habitées, entre ombre et lumière. Les vues aériennes très précises dévoilent encore aujourd’hui ce pullulement. La matière se creuse, travaillée par une géométrie dont on ne sait plus si elle est naturelle ou savante ou peut-être les deux. L’épaisseur s’excave pour abriter aussi bien les hommes que leurs jardins bien plus nombreux qu’en dehors de la maison.

Béton pluriel : Est-ce qua la pierre pourrait jouer le même rôle ?

Corinne Vezzoni : Oui et non. Elle peut répondre à ces questions là. Mais la grande différence tient à la matière elle-même. La pierre si merveilleuse soit-elle n’en est pas moins rigide. Le béton lui se coule. Bloc d’un côté, liquide de l’autre. Taille pour l’une et stéréotomie, moule pour l’autre et fluidité. Et il ne faut pas se tromper. Le béton, les bétons avec leurs composants et leurs propriétés, leurs caractéristiques toujours plus sophistiquées, avec leurs armatures, leurs pré et post tensions autorisent des constructions de très haute technicité que ne peut pas offrir la pierre. Son éventail d’application est sans commune mesure. Prenons l’exemple de l’Unité d’habitation de Le Corbusier où j’ai mes bureaux. Impossible de ne pas être frappé par la plasticité et la puissance des piles tronconiques qui la portent. Le béton répond exactement, dans la lumière, à ce que Le Corbusier cherchait : l’expression des forces à l’œuvre dans l’économie de moyens, mais aussi l’expression de la valeur intrinsèque du béton à cet endroit précis, avec ses sables et ses agrégats qui rejoignent cette couleur si particulière de Marseille, entre sel et calcaire.

Béton pluriel : Vous voulez dire que le béton peut ancrer l’architecture dans son lieu ?

Corinne Vezzoni : Mais bien sûr ! Nous travaillons en ce moment sur un Centre de formation d’apprentis (2) au large de Saint-Rémy-de-Provence à Mallemort exactement à juste 10 km de l’abbaye de Silvacane. Comme l’institution se trouve à l’écart, il y a un internat en plus des lieux d’enseignement. Tout autour, il y a de grands mas provençaux avec leurs parcelles agricoles dont les terres sont issues des alluvions épais, presque ocre, déposés il y a des millénaires par le Rhône et la Durance quand ils ne faisaient alors qu’un seul et même fleuve. Pour ancrer l’architecture dans le sol, la faire quasi sourdre des sols, nous utilisons pour le béton les cailloux pris sur place et les sables du Roussillon. Ensuite, une fois banché, coulé, séché, nous l’attaquons par parties, avec plus où moins d’intensité, pour dévoiler ses granulométries différentes, du plus lisse au plus rugueux, pour révéler sa consistance, ses matières, ses agrégats, sa réalité même. C’est tout simple et beau. Et là, pour finir, je veux souligner une autre des caractéristiques fondatrice du béton. Pensé, travaillé, soigné, traité avec respect, il rejoint la force, le caractère natif de la pierre, mais aussi de la terre crue et s’inscrit dans cette lignée séculaire des matériaux nobles.

Propos recueillis par Jean-François Pousse

  1. ARVHA : Association pour la Recherche sur la Ville et l’Habitat

  2. CFA de Mallemort : Centre de Formation et d’Apprentis des Travaux Publics de la région PACA

11/2018 Publication

Autobiographie scientifique

Plutôt qu’une stricte autobiographie scientifique, voici en quelques thèmes choisis ce qui durant les vingt dernières années, m’a préoccupée, caractérisée et plus encore, me tient à cœur aujourd’hui.

L’architecture n’a pas été une vocation qui m’aurait animée depuis l’enfance. Sans m’en rendre compte, l’architecture et le paysage se sont imposés à moi dans mes jeunes années à Casablanca où j’ai vécu 17 ans. Ce sont bien sûr les couleurs, le soleil, la lumière, l’océan et la mer, les textures de la terre. Je me souviens de l’école Jules Ferry, des villas aux murs blanc et des architectures de béton brut, celles puissantes de l’architecte Jean-François Zevaco ou Elie Azagury. Elles ont constitué inconsciemment ma première école et déterminé les choix qui ont inspirés et inspirent encore mon travail.

Décloisonner

Est-ce la Méditerranée, ses rives qui ont vu fleurir tant de civilisations et passer tant d’histoires, je n’ai jamais considéré l’architecture comme un monde clos sur lui-même. Bien au contraire, je l’ai toujours voulu curieuse d’autres disciplines et d’autres créateurs. Ceux-là dont je reçois tant et à qui je tâche d’apporter mon regard et ma sensibilité.
Impliquée dans la vie publique ; pendant neuf ans membre du CESER PACA (Conseil Economique, Social et Environnemental), membre du conseil d’administration durant trois ans de l’Ecole d’Architecture de Marseille Luminy et actuellement membre du Conseil de Développement de la Métropole Aix Marseille. Mon enseignement à Polytech, à l’Ecole des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence et en urbanisme à l’université d’Aix-Marseille me permet de rencontrer, d’échanger avec des confrères et des étudiants d’autres horizons. Aujourd’hui je m’implique auprès d’associations d’artistes de l’espace public (C.A.), du Musée de la Mode ou encore du Festival de Danse (C.A.). Découvrir la façon dont les danseurs traversent l’espace contraint qui est le leur, se positionnent, s’appuient sur des repères aussi invisibles qu’essentiels m’a beaucoup appris sur la fluidité, la ponctuation, les temps du mouvement.
Avec un regard rétrospectif, je réalise que ce thème du décloisonnement, de l’ouverture, de l’enrichissement mutuel, de l’engagement, ce plaisir à franchir les frontières expliquent en partie l’éventail des réalisations de l’agence, leur variété, de toutes échelles : publics privés, des logements collectifs ou individuels, des collèges, lycées, musées, bibliothèques et archives, des bureaux, centres de recherche, places, stations de métro, mobiliers urbains…

Epargner la terre

Depuis les premiers pas de notre agence dans l’univers de l’architecture, par goût d’abord, puis peu à peu volonté farouche, nous nous acharnons à économiser le terrain, à le restituer au site, à la collectivité, à la ville par l’architecture construite. L’habitude des aménagements tous azimuts des Trente Glorieuses fait encore croire à un territoire extensif de la France, sans fin, à l’image d’ailleurs trompeuse des Etats-Unis. L’inexorable disparition des terres, partout, appelle un changement radical des pratiques en périphérie des villes, des mégalopoles denses bien sûr, mais pas seulement. Toutes les communes sont concernées. Lotissements proliférant, équipements, zones industrielles et commerciales, routes, parkings, ronds-points, avant d’être réalisés, devraient faire la preuve de leur absolue nécessité. Faire avec l’existant ne suffit-il pas ? Densifié ou reconstruit sur lui-même peut-il faire l’affaire ?

Mutualiser et offrir

Dès notre premier grand projet qui nous a fait connaître en 2006, je propose de mutualiser les deux bâtiments prévus, les Archives et la Bibliothèque départementales des Bouches-du-Rhône, en un seul bâtiment, dense, compact, de l’inscrire dans le viaire existant pour le renforcer, continuer l’histoire en préservant l’ancienne église qu’il est prévu de démolir, d’installer à son chevet un jardin, de l’offrir aux habitants alentour qui en manquent tant.
Même objectif à Martigues. Nous regroupons en un seul bâtiment les trois entités prévues autonomes de la Cité judiciaire désormais distribuées par un vaste hall commun : le Tribunal d’instance, le Tribunal des prud’hommes et la Maison de la justice et du droit. Avec cette solution, évidente a posteriori, nous n’occupons pas toute l’assiette de la parcelle qui nous était impartie. L’espace préservé se métamorphose en un jardin très apprécié.

Aimer la frugalité

Le lycée Simone Weil que nous avons livré à Marseille en 2017 s’étage en restanques. Au lieu d’étaler le bâtiment, nous le condensons en superposant les usages : jardins, parvis, cours de récréation. Et nous restituons au site la moitié du terrain. Il reste poreux. Avec ses arbres en pleine terre, il limite la vitesse de dévalement d’un petit ruisseau, absorbe une partie de ses eaux d’orage. Grâce au toit du gymnase nous offrons une nouvelle place aux habitants du quartier, à côté de l’église Saint-Mitre, leur plus cher désir.
Depuis ce lycée et un peu plus tôt celui de Mallemort, puis le Tribunal de Martigues, la mise en œuvre d’un isolant au sein même du béton améliore le bilan carbone de nos bâtiments. Cette technique évite les isolations intérieures mais aussi extérieures, dispendieuses, souvent fragiles, que les intempéries vieillissent trop vite, permet de substantielles économies d’énergie. Surtout, elle nous autorise désormais à livrer des bâtiments en béton brut, sol, mur, plafond, dehors, dedans, d’éviter carrelage, peinture, faux-plafonds, d’accroitre la présence de la matière, la sensation de masse, la matière pure et sa vérité rassurante.
Aujourd’hui, le respect du territoire et de la planète, cette volonté de ne pas les considérer comme corvéables à merci, rencontrent des problématiques nouvelles. S’annoncent des temps de reconquête, de transformation de ce qui fut bâti souvent sans vergogne. Sujets que j’ai abordés pour la reconquête urbaine d’Ajaccio ou que nous avons traités (dans l’équipe conduite par Christian Devillers en 2015) pour la Métropole d’Aix Marseille. L’épuisement inéluctable des ressources naturelles, les pressions multiformes du réchauffement climatique appellent des modifications radicales des modes de vie, des mobilités carbonées par exemple, le réexamen et la réutilisation pour d’autres usages de leurs infrastructures. Internet modifie avec les réseaux sociaux l’appropriation de la rue et de l’espace public. Les nouvelles habitudes d’achat qu’il autorise menacent à terme les immenses surfaces qu’avec leur parking et les routes qui y mènent, les grandes enseignes commerciales ont dévoré depuis 50 ans. Des paradigmes s’étiolent. La frugalité s’aiguise en fer de lance d’une nouvelle créativité. Pour l’agence, elle s’exprime au quotidien, dans un regard aimable et lucide porté à tout ce qui borde le projet, le côtoie, l’accueille entre friction et empathie. Le site, notre référent premier, nous offre à travers ses contraintes, la possibilité d’inventer. Très tôt, la pente dans sa générosité m’a inspirée. Elle permet de nicher le projet dans les sols et de le projeter vers l’horizon et le ciel. La première architecture est sans doute la grotte, la faille. A la station de métro La Fourragère, à Marseille, nous révélons la puissance chtonienne de l’en-dessous. Elle se révèle dans sa mise à nu par une faille parcourue d’escaliers. La compacité, la masse me sont peu à peu devenues essentielles.

Accueillir et protéger

Je l’ai dit, j’ai grandi au Maroc. Ensuite, j’ai été élevé au bord de la Méditerranée sur laquelle s’ouvre aujourd’hui mon agence. Mon envie de travailler le béton commence là-bas à Casablanca. J’aime sa fluidité puis, une fois solide, sa densité, son expression des forces à l’œuvre dans l’économie de moyens, sa capacité à rejoindre le local, avec ses sables, ses agrégats issus des carrières les plus proches. Avec la pierre, parfois mieux qu’elle, il incarne la puissance et la résistance de la matière, sa compacité, se révèle dans ses subtilités en amoureux de la lumière.
Ceux qui vivent avec le soleil, comprennent ce que cela veut dire. Il ne s’agit pas seulement de l’accueillir. Il faut aussi s’en protéger, tamiser ses rayons, savoir s’en préserver. D’où cette notion d’abri, d’ombre, d’intimité qui, en architecture, se traduit par le refus de tout révéler d’un bloc, sèchement, sans poésie. Ne pas tout énoncer tout de suite laisse place à un peu de mystère, au dévoilement progressif donne au projet cette part d’âme dont il a tant besoin. Au CCR (Centre de Conservation et de Ressources du MuCem – 2013), le béton surgit du sol qu’il poursuit à la verticale, se saisit de sa couleur ocre, puis se découpe en blocs à la blancheur immaculée. Je perçois mon projet comme un marbre, un bloc dense, une roche native que je besogne, creuse, évide, sculpte en fonction de mille paramètres : l’alentour, la lumière, le vent. Peu à peu réactif à la vie qui l’entoure, il prend vie, se débarrasse de sa gangue. La traversée de son épaisseur, juste un moment d’ombre en mouvement, découvre un monde intérieur, mène à un patio et sa lumière, souvenir de l’habitat séculaire de la Méditerranée, de la maison grecque à la kasbah.
Pour plusieurs immeubles de l’ilot Ginko à Bordeaux, cet entre-deux de la ville et du logement s’exprime par des appartements à double orientation, tous traversants, prolongés par des loggias profondes à la générosité spectaculaire. Suivant l’orientation, des ventelles plus ou moins denses, protègent du soleil et des vents dominants.

Renverser les situations dégradées

Il est parfois nécessaire de s’imposer, pour renverser des situations dégradées, redonner un point d’ancrage à ce qui flotte à vau-l’eau. Le Pavillon jaune, pôle pédagogique du Campus Universitaire de Médecine de la Timone, accueille des salles d’enseignement et d’examens pour les étudiants en médecine. Dans un contexte embrouillé, avec son origami de façades couvertes de tesselles jaune, il repère l’entrée de la faculté, signale l’une des réalisations les plus emblématiques de l’architecte Réné Egger, égaye la morosité du boulevard Jean Moulin et ses 40 mètres de largeur, autoroute en pleine ville de Marseille. Même esprit aux Batignolles à Paris. Au pied du Tribunal de Grande Instance du Renzo Piano Building Workshop, notre immeuble de bureaux fait écho au socle du Palais, mais surtout renvoie la lumière, juste un éclat en plein nord sur le Périphérique, grâce à une peau de verre intérieure inclinée et sérigraphiée chromée qui trouble les perceptions et les reflets.

Recoudre, dialoguer avec l’histoire et la nature

A Toulon (livraison 2019), nous travaillons sur la reconversion générale du quartier Chalucet occupé par l’Hôpital désaffecté de la Charité. Une problématique de reconquête, d’urbanisme opérationnel, de mixité, de solutions environnementales poussées pour préserver la planète. La recomposition de l’îlot tisse de nouveaux liens entre la ville haussmannienne, son orthogonalité impeccable et la ville du XXe siècle, plus lâche. Hier clos sur lui-même, nous l’ouvrons avec des parcours Est/Ouest et Nord/Sud, en restaurant des continuités séculaires appuyées sur la Promenade Verte des remparts. Logements, commerces, bureaux pour l’administration du Conseil départemental du Var, École supérieure d’art et de design Toulon Provence Méditerranée, École supérieure internationale de commerce Kedge BS (Christian Devillers architecte), constituent un nouveau cœur au cœur de la ville. Nous restaurons aussi la chapelle néoclassique du vieil hôpital en médiathèque, rajoutons une aile à celle existante, en empathie avec ses rythmes, l’échelle de ses élévations et baies.
La nouvelle identité de Chalucet s’appuie sur la nature, la matrice, le lien et le bien communs. Grâce à elle, une cristallisation s’opère. Nous recomposons le parc (avec Hyl paysagistes), lui donnons plus d’ampleur, créons des jardins de plantes indigènes et méditerranéennes, des îlots de fraicheur, aménageons des bassins et des coursiers d’eau, “fil bleu” d’une nouvelle promenade.

Enchâsser les usages et favoriser l’inattendu

Au fil des années, la complicité de l’espace construit et de la nature a pris une place singulière dans mon travail. Certes la clémence du climat du Sud de la France se prête à la vie en extérieur. Mais c’est une erreur de la croire cantonnée à ces seules latitudes. Tous les pays du nord de l’Europe montrent combien elle sert le projet urbain et architectural. Près d’Aix-en-Provence, nous avons livré Thecamp en 2017 sur un site de 7 hectares. Ce projet marque un approfondissement de nos recherches sur l’articulation, la collusion dedans-dehors, deux corps distincts d’une même entité. Porté par Frédéric Chevalier, ce lieu a été pensé pour faire se rencontrer « startupers », artistes, scientifiques, dirigeants d’entreprises, codeurs, représentants d’ONG, avec l’objectif de se former à un futur commun, d’explorer les usages et créer les environnements technologiques de demain.
Nous n’avions aucune instruction ou cahier des charges, seules les intentions de son fondateur : imaginer un projet atypique, propice aux discussions, à la créativité, à l’innovation, minimal. Nous avons inventé un abri au grand air, dans le paysage et la lumière de la belle Provence. Inspiré par l’habitat traditionnel des nomades, Thecamp se couvre d’une vaste toile (10 mètres de hauteur en moyenne, 7 000 m2), étanche, translucide. La forme triangulaire de cette voile évoque les trois repères naturels du site : la Sainte-Victoire à l’Est, une forêt de pins au Nord et un piton rocheux calcaire à l’Ouest. Ce parasol impressionnant se déploie en trois cônes vers le ciel et abrite 13 cylindres de verre ou « incubateurs », enlacés par un espace ouvert lui aussi protégé, une place au sol de béton désactivé qui rejoint sur le même plan la nature alentour. Les circulations placées à l’extérieur deviennent constitutives de la richesse spatiale, favorisent les économies d’énergie. Tout est calculé pour récupérer les eaux de pluie, casser le Mistral, prendre et tamiser la lumière. Ce dehors et ce dedans, bien que dissociables, constituent une entité insécable, fruit de leur symbiose. Aujourd’hui, au-delà de toute espérance, elle est devenue le cœur de Thecamp, le lieu fluide des échanges permanents, des discussions, du partage des connaissances et des recherches.
Mais au-delà, ce projet nous a permis de développer nos réflexions sur des programmes ouverts, indéfinis, réversibles et les réponses qu’ils peuvent susciter. Thecamp se prête à des usages enchâssés. Il s’offre en lieu susceptible de produire d’autres fonctions, inattendues. Cette question de l’usage multiple, mais aussi de la fluidité évitant les pièges de l’indifférenciation, cherche des réponses appropriées, articulées, nourries par l’évolution des modes de vie qu’elles souhaitent accueillir et entourer. Des recherches que nous développons actuellement sur deux projets de gares à Rosny-Bois-Perrier et Versailles Satory au sein du Grand Paris.

Rien ne s’arrête. Le temps, les projets nous ont nourri, permis, nous l’espérons, d’approfondir, de découvrir, d’avancer.
Décloisonner, épargner la terre, mutualiser, aimer la frugalité, accueillir et protéger, renverser les situations dégradées, recoudre, dialoguer avec l’histoire et la nature, enchâsser les usages et favoriser l’inattendu : voilà notre credo, nos pistes de création pour aujourd’hui et demain.

05/2018

Toulon / Exposition archiméditerranéenne

Après la galerie d’architecture (Paris), la Villa Méditerranée (Marseille), l’agence Corinne Vezzoni et associés présente l’exposition itinérante archiméditerranéenne du 2 mars au 2 avril 2018 au Musée d’Art de Toulon.

Pour cette troisième étape, l’exposition itinérante archiméditerranéenne s’expose à Toulon, ville où l’agence d’architecture Corinne Vezzoni et associés a imaginé et construit Chalucet, un quartier inédit en Europe. Exemple phare du principe de reconstruire la ville sur la ville, Chalucet incarne une nouvelle façon de produire l’architecture et l’urbanisme, de les penser conjointement.
L’exposition archiméditerranéenne invite à prendre part à ce projet en cours, à le connaître à travers l’oeil de l’architecte et à se l’approprier.

Archiméditerranéenne présente une sélection de 7 autres projets récents ou en construction. Elle plonge le visiteur dans l’univers de l’architecte, ses inspirations et son attachement à la Méditerranée.

Avec le soutien de la Ville de Toulon, la Métropole Toulon Provence Méditerranée, la Société des Eaux de MarseilleIcadeVinci ConstructionIguzzini, Forbo et Schüco.

> à découvrir du vendredi 2 mars 2018 au lundi 2 avril 2018
Musée d’art de Toulon / 113, boulevard Général Leclerc

entrée libre du mardi au dimanche de 12 h à 18 h
fermé les jours fériés

> informations : 04 94 36 34 59 / museeart@mairie-toulon.fr www.toulon.fr

05/2018

Documentaire / Femme Architecte

Prochainement « Femme Architecte »
Un documentaire de Thierry Mercadal

Elles conçoivent, imaginent, dessinent : des logements, des bureaux, des centres culturels, des places publiques. Elles inventent la ville du futur. Elles contribuent à construire le patrimoine de demain. Elles forgent les paysages architecturaux de milliers d’habitants. Mais qui sont-elles ?

Ce documentaire, vous propose une rencontre avec sept architectes, sept femmes. Découvrez leurs témoignages, leurs parcours et leurs visions de la profession. La place des femmes dans le métier d’architecte, est une véritable question de société. L’Architecture est-elle conçue de manière « masculine » ? Existe-t-il un plafond de verre dans la profession ? Pourquoi seulement 10% des cabinets d’architectes sont dirigés par des femmes alors qu’elles sont 60% en école d’architecture. Y-a-t’il une autocensure dans la profession d’architecte ?

Ce documentaire vous propose de répondre à ces questions, et donne la parole à de nombreuses architectes : Odile Decq, Manuelle Gautrand, Corinne Vezzoni, Tania Concko, Françoise N’Thépé, Camille Besuelle et Mathilde Jaubin), mais également des intervenantes expertes : Najat Vallaud-Belkacem, Amina Sellali, Juliette Rennes et Catherine Guyot.

07/2017 Evènements

Inauguration smartseille

A l’occasion d’une inauguration, l’agence d’architecture Corinne Vezzoni et Associés procède à la livraison du nouveau siège Eiffage Construction Immobilier, sur l’écoquartier smartseille, ce vendredi 21 juillet, à Marseille.

Véritable smart-city au bord de la Méditerranée, smartseille vise à donner naissance au 112e village de Marseille. Situé au nord de la ville, cet espace voit naître un écoquartier exemplaire, au service des habitants et des usagers.

L’agence Corinne Vezzoni et associés était en charge de la réalisation du siège d’Eiffage Construction Immobilier. Posé sur pilotis, le bâtiment vient achever la composition de l’îlot sur la limite Est.
L’agence propose un bâtiment dont les lignes rappellent celles d’un piano à queue, le corps principal s’avance en proue de l’îlot.
Le volume du bâtiment contribue à annoncer la suite de la ville à l’arrière de l’îlot, en créant une limite aux jardins Sud tout en permettant une échappée visuelle vers les terrains du quartier en devenir.
Sous les pilotis, le rez-de-chaussée accueille des terrasses de restaurants et bassins.

Afin d’obtenir un bâtiment unitaire, l’agence propose un traitement de façade unique composé d’ondulations et de creux, offrant un jeu de lumière. Des gardes corps en béton écologique revêtu d’un enduit minéral clair parcourent l’ensemble du bâtiment.
L’objectif de l’agence est de donner au bâtiment une image simple et forte, dont seul le jeu des épaisseurs acte de l’exposition : au sud et à l‘ouest, les retraits sont extrêmement marqués ; à l’Est, la peau s’affine pour rejoindre au Nord le nu des vitrages.

Le choix de béton blanc conforte la notion d’épaisseur et de masse.

A propos de l’écoquartier smartseille
Le nouvel écoquartier s’inscrit dans le cadre de l’extension du périmètre d’Euroméditerranée (Euromed 2). Baptisé smartseille et porté par Eiffage, ce projet titanesque repose sur une prise en compte globale du développement durable (dépollution naturelle des sols, boucle thalassothermique, isolation en paille…), et met en œuvre de nombreuses innovations adaptées à un climat méditerranéen. Développé au sein de la future ZAC Littorale d’Euromed 2 (53 ha, 700 000 m² de plancher), l’écoquartier smartseille pourra, à terme, accueillir 4 000 personnes, qui pourront vivre, habiter ou travailler.

> Plus d’informations : www.smartseille.fr

05/2017 vidéovidéovidéovidéovidéo

Quartier chalucet Toulon Vezzoni

04/2017 Presse

L’invitée de Moi président 2017

Corinne Vezzoni était l’invitée d’Olivier de Lagarde, dans son émission Moi Président 2017, sur France Info vendredi 28 avril 2017.

« Moi Président, je propose de rendre inconstructible l’ensemble du territoire », Corinne Vezzoni.

04/2017

Conférence Contextes

Retour sur la conférence Contextes, animée par Corinne Vezzoni, organisée par la MAV PACA, le 26 février 2016, au MuCEM.

Les structures partenaires d’Architectures en Ligne vous proposent de voir ou de revoir cette conférence : cliquez ici

04/2017 Chantiers

Nouvelle étape pour thecamp

Du côté de Thecamp, le chantier avance à grands pas, ce printemps marque le déroulement des étapes phares du projet architectural : pose de la toile de 8000m2, celle-ci s’effectue en différentes phases. S’en suivra la pose de tous les verres, courant du mois de mai.

 

Plus d’informations sur thecamp

04/2017

Conférence Trophée Béton

Dans le cadre du Trophée béton, une conférence intitulée DIALOGUES ARCHITECTES / ENTREPRISES est organisée à Paris, avec Corinne Vezzoni et l’entreprise Travaux du midi – VINCI Construction aura lieu jeudi 20 avril 2017, à 19h00, à la Maison de l’Architecture en Ile-de-France, Paris.

Cette conférence sera l’occasion de présenter le projet du Lycée Saint-Mitre et sa spécificité béton.

Le Trophée béton, placé sous le patronage du Ministère de la Culture et de la Communication, regroupe le Trophée béton Ecoles – un concours qui récompense les jeunes diplômés des écoles d’architecture françaises – et le Trophée béton Pro – qui distingue les réalisations livrées sur le territoire français depuis moins de 5 ans.

> Rdv le 20 Avril à 19h00, à la Maison de l’Architecture en Ile-de-France
Entrée libre 
Inscriptions

> Plus d’informations sur le Trophée Béton

> Découvrez la vidéo de la conférence

03/2017

Prolongation exposition !

L’exposition archiméditerranéenne à la Villa Méditerranée est prolongée jusqu’au 23 avril ! 1 mois de plus pour découvrir une architecture qui vous entoure…

Le Pavillon Jaune, le quartier Chalucet à Toulon, le Centre de Conservation et de Ressources du Mucem, The Camp, le pole multimodal de la Fourragère, autant de bâtiments réalisés par l’agence d’architecture marseillaise Corinne Vezzoni et associés.

Cette exposition itinérante présente une sélection de 8 projets récents ou en construction. Des installations, maquettes en bois, caisses à tiroirs, plans, dessins et projections rythment la visite.

L’exposition plonge le visiteur dans l’univers de l’architecte, ses inspirations et son attachement à la Méditerranée.

> Plus d’informations

> Entrée libre
Villa méditerranée – esplanade du J4 – Marseille, 2e

> A découvrir du mardi au vendredi de 12h à 18h
Week-ends, jours fériés et vacances scolaires de 10h à 18h
www.villa-mediterranee.org

03/2017

Le Themis obtient le label E+C-

Suite au lancement du label E+C- en juillet 2016, les 7 premiers bâtiments labellisés ont été révélés par la ministre du logement, Emmanuelle Cosse, le 15 mars 2017 : l’immeuble du Thémis décroche le précieux sésame !

Réalisé par l’agence Vezzoni et associés, et Michelle Lenne-Haziza, architecte associée, le Thémis est ainsi le premier bâtiment tertiaire de France à recevoir cette certification.

Le label Energie plus, Carbone moins (appelé label E+C-) vise à expérimenter la future réglementation thermique, prévue pour 2020. Cette réglementation intègre notamment l’empreinte carbone des bâtiments. Les résultats obtenus par ce label permettront d’affiner le cadre de faisabilités technique et économique de la future réglementation.

Implanté à Clichy-Batignolles, l’immeuble de bureaux Thémis répond aux contraintes du label E+C- grâce à un système constructif mixte en bois / béton et à un raccordement au chauffage urbain alimenté par un système de géothermie.

Le label E+C- s’appuie sur un système de notation en 2 volets :
> l’énergie : cette variable est composée de 4 niveaux de performances  s’appuyant sur un « Bilan Bépos ». Contrairement à la RT2012, E+C- tient compte de tous les usages du bâtiment (dont les « autres usages » – parties communes, ascenseurs, parkings…).

> l’émission carbone : le label tient compte de l’empreinte carbone du bâtiment tout au long de son cycle de vie, avec une base d’une durée de vie moyenne de 50 ans. Deux niveaux ont été mis en place composés de 2 seuils chacun : les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment (Eges) et les émissions relatives aux produits de construction et équipements (Eges PCE).

A plus long terme, l’objectif du label est de parvenir à généraliser les bâtiments à Energie Positive, ayant une empreinte carbone la plus réduite possible sur l’ensemble de leur cycle de vie, de la conception jusqu’à la démolition.

Plus d’informations sur le Themis 

Retrouvez les détails de la notation du label sur le site du ministère du Logement

03/2017

Journée internationale des droits des femmes

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a réuni des femmes qui font avancer au quotidien l’art et culture, partout en France.

La ministre a voulu ainsi saluer, à travers une cinquantaine de femmes présentes, venant de toute la France et de tous les métiers, toutes celles qui contribuent, parfois de façon anonyme, à faire de la culture française une force de progrès, de cohésion sociale et de rayonnement pour notre pays.

Corinne Vezzoni était l’une des invitées de la ministre, choisie pour son engagement public au travers de son activité d’architecte au sein de l’agence Vezzoni et associés. Pour rappel, l’activité de l’agence est basée essentiellement sur les concours d’architecture publics régionaux et nationaux, visant à réaliser des bâtiments d’utilité publique, pour les citoyens : lieux d’enseignement, équipements culturels, médicaux, infrastructure…

A l’occasion de cette réception, la ministre a rappelé l’engagement du ministère de la Culture et de la Communication en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, à travers notamment la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine qui prévoit « l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la création artistique ».

Découvrir l’intégralité des annonces de la ministre de la culture

03/2017 EvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènementsEvènements

Agenda / les Mardis de l’urbain

A l’occasion de l’exposition archiméditerranéenne à la Villa Méditerranée, Corinne VEZZONI animera la rencontre des Mardis de l’Urbain sur le thème « Concordance des énergies », mardi 21 mars, à 19h00, à la Villa Méditerranée.

Marseille, c’est la ville des horizons. Nous vivons face à la mer, face à un déploiement, face à l’abstraction qui est toujours à hauteur d’œil. Elle est le support de notre imaginaire. Les grandes directions sont là, quoiqu’on y fasse, le territoire est plus fort que tout. Dans la pente, les modèles ne fonctionnent plus. C’est alors que se pose la question de la concordance des énergies : comment construire avec la puissance d’un site ?

Portée par la notion de contextes, de préservation de l’existant, Corinne Vezzoni révèle l’espace plutôt que de s’y imposer. Son architecture s’adapte au contexte et aux énergies du lieu : par assimilation ou par opposition. Cette adaptation constante à l’environnement est une forme de signature. Convaincue que chaque lieu possède sa propre solution, elle est à l’affût des indices que le site recèle, elle a l’obsession de prolonger les traces des vies précédentes, de composer avec l’émotion du lieu, avec le singulier et le naturel. Ainsi, les bâtiments qu’elle imagine affichent des écritures chaque fois renouvelées.

Informations pratiques :
– Mardi 21 mars, à 19h
– Entrée libre sur réservation à billetterie@villa-mediterranee.org /  04 95 09 42 70

03/2017

Remise de légion d’honneur

Jeudi 2 mars 2017, au Palais du Pharo, Corinne Vezzoni a reçu les insignes de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Corinne Vezzoni a reçu les insignes de la légion d’honneur des mains de Françoise Dignat-George, doyenne de la faculté de pharmacie d’Aix-Marseille Université, en reconnaissance de son travail architectural novateur. Toutes deux ont été réunies autour du projet architectural, le Pavillon Jaune, implanté sur le campus Santé de la Timone. Cet édifice accueille, depuis 2015, les enseignements mutualisés des facultés de médecine, dentaire et pharmacie.
La cérémonie s’est déroulée en présence de Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille, Président de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Vice-Président du Sénat et Stéphane Bouillon, Préfet de la région PACA.
04/2016

Quartier Chalucet par Métropole Var

04/2016

Corinne Vezzoni, Prix Femme architecte 2015